Une recette qui provient des fées
Les fées et le savoir fromager
Dans les magnifiques vallées de la Giettaz, près du Nant Foiroux, vivaient jadis des fées, connues sous le nom de “fayes”. Ces créatures mystiques possédaient des dons extraordinaires et une sagesse inestimable. Bienveillantes par nature, elles aimaient partager leurs connaissances et apporter leur aide aux habitants des montagnes.
Dans les fermes d’alpage, la vie n’était pas toujours facile. Les revenus étaient souvent limités et les hivers, d’une rigueur saisissante, rendaient la vie difficile pour certaines familles. Touchées par la situation des paysans, les fayes décidèrent d’intervenir et d’enseigner aux paysans l’art de fabriquer la tomme, une recette qu’elles maîtrisaient parfaitement. Ce fromage permettrait aux paysans non seulement de se nourrir, mais aussi de gagner quelques sous supplémentaires en le vendant.
En échange de ce savoir précieux, les fées demandaient simplement un peu de lait pour se nourrir elles aussi. Lorsqu’elles avaient besoin de ce breuvage, elles entraient dans les chalets par la cheminée, tendant leurs écuelles aux montagnards, qui se faisaient un plaisir de les remplir. Ce rituel créait un échange mutuellement bénéfique, où chacun profitait de l’autre.
La trahison des villageois
Avec le temps, les villageois devinrent de véritables experts dans l’art de la fromagerie, maîtrisant à la perfection la fabrication de la tomme. Des questions commencèrent alors à germer dans leur esprit : l’aide des fées était-elle encore nécessaire ? Était-il vraiment indispensable de continuer à leur offrir du lait ?
Dans un acte d’ingratitude, ils prirent la décision de tromper les fées. Au lieu de leur servir du lait, ils remplacèrent leur précieuse offrande par du crottin de cheval dans les écuelles. Ils pensaient ainsi se libérer de cette obligation, persuadés qu’ils n’auraient plus besoin de l’aide de ces êtres magiques.
La colère des fées
Furieuses de cette trahison, les fées prirent la décision de quitter les lieux, mais pas sans adresser un dernier message aux fermiers : “Si vous aviez continué à nous donner du lait, nous aurions pu vous enseigner encore bien des recettes ! Comme tirer de la cire du petit-lait !”. Ces paroles résonnèrent dans l’esprit des fermiers, qui réalisèrent alors l’ampleur de leur erreur.
Remplis de culpabilité, ils comprirent qu’ils avaient repoussé les fées, celles qui leur avaient permis de nourrir leurs familles et de développer un savoir-faire ancestral. Leur regret était profond, car ils avaient sous-estimé l’importance de cette aide précieuse, perdant ainsi l’opportunité d’apprendre d’autres compétences artisanales. Malheureusement, il était désormais trop tard pour faire machine arrière…
Peut-être qu’un jour, les fées reviendront pour partager de nouveaux secrets culinaires et apporter des saveurs inédites à nos plats. En attendant, lorsque vous savourez un morceau de tomme de Savoie, pensez à ces fées bienveillantes qui ont été injustement rejetées.
La véritable création de la tomme de Savoie
Cette histoire s’inspire d’une légende, mais la véritable origine de la tomme de Savoie est tout autre. Son histoire est ancrée dans nos montagnes et remonte en réalité à des pratiques agricoles anciennes…
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La tomme de Savoie : le fromage des fermiers
La tomme de Savoie trouve ses origines dans les magnifiques Alpes, notamment dans les régions de la Maurienne, de la Tarentaise, du massif des Bauges et du Chablais, où elle a vu le jour au XVIe siècle. À cette époque, les agriculteurs utilisaient le lait écrémé provenant de la fabrication du beurre pour élaborer ce fromage.
Fabriquée exclusivement pour la ferme, la tomme de Savoie était servie à chaque repas pour subvenir aux besoins de la famille. Considérée comme un aliment modeste, la tomme de Savoie était néanmoins une source précieuse de protéines, prisée par les ménages aux moyens limités. Lors des goûters, ou “mérande” en patois savoyard, elle était d’ailleurs souvent dégustée avec un café, faisant ainsi le bonheur des petits comme des grands.
L’un des fromages préférés des Savoyards aujourd’hui
Bien que la tomme de Savoie ait été menacée de disparition face à des fromages plus connus comme l’Emmental de Savoie, le Gruyère ou le Beaufort, elle a su retrouver sa place dans les fruitières au XIXe siècle. Sa petite taille en faisait une option parfaite pour les producteurs qui n’avaient pas assez de lait pour fabriquer des fromages plus gros ou pour gérer les surplus de lait. Cette méthode a donc permis de réduire le gaspillage tout en augmentant les revenus des fermiers.
Aujourd’hui, la tTomme de Savoie est bien plus qu’un simple fromage ; elle est un véritable symbole de la région, chérie par les Savoyards, et bénéficie même d’une Indication Géographique Protégée (IGP).