Aujourd’hui, nous vous proposons de prendre la direction de Saint-Gervais Mont-Blanc, afin de découvrir une nouvelle légende des Alpes bien connue des locaux. Celle du Pont du Diable, dont il existe deux versions.
Saint-Gervais, un village coupé en deux
Autrefois, Saint-Gervais était un village coupé en deux par le ruisseau du Bonnant. Les habitants devaient donc faire de nombreux détours pour passer d’un côté à l’autre. Quant au curé, son logement et l’église n’étaient pas sur la même rive ! Las de devoir parcourir 10 kilomètres tous les matins et d’arriver en retard à la messe de 10h, le prêtre avait tenté plusieurs fois de bâtir un pont au-dessus du Bonnant. Mais c’était peine perdue, le courant emportait à chaque fois les fondations.
Un soir, alors que le curé de Saint-Gervais priait Dieu pour qu’il l’aide à trouver la force de bâtir un nouveau pont, quelqu’un frappa à la porte. Surpris, le prêtre alla ouvrir, se retrouvant nez à nez avec une vision d’horreur. Devant lui se tenait en effet le Diable. La première réaction du curé fut de refermer immédiatement la porte, pesant de tout son poids dessus pour que le Malin ne puisse pas entrer.
Le pacte avec le Diable
C’est seulement plusieurs minutes après, certain que le Diable était parti, que le curé se força à respirer et à lâcher prise. Jurant à voix haute et certain qu’il commençait à perdre la tête en raison du pont, il s’éloigna de la porte. Mais lorsqu’il se retourna une dernière fois pour vérifier qu’il était en sécurité, le Diable se dressait devant lui. Apeuré et à la limite de faire un malaise, le curé trouva néanmoins la force de demander : “Que me voulez-vous ?”.
Contre toute attente, le Malin lui proposa son aide :
“T’aider.
– M’aider ? Mais pourquoi ?
– Je souhaite t’aider à bâtir un pont pour traverser le Bonnant. Un pont solide, qui ne s’effondrera pas sous la force des flots. Mais en échange, je ne te demande une chose …”
La condition du Diable était de prendre la première vie qui traverserait le pont du Bonnant. Mais qui accepterait de se sacrifier pour le Malin ?
Construction du pont et promesse tenue
Alors que le curé avait accepté la proposition du Diable avec une idée derrière la tête, il se rendit auprès du maire dès le soir même, après que le conseil municipal eut été terminé. Ce dernier, indigné, ne comprit pas tout de suite pourquoi le prêtre avait accepté la proposition du Malin. Mais lorsqu’il lui expliqua son plan, l’élu revint sur sa position et tout le monde rentra chez soi, serein.
Le Diable prit à son propre jeu
Le lendemain matin, le pont du Bonnant était construit. Et à son milieu se tenait le Diable, attendant de prendre la première vie qui voudrait joindre les deux côtés de Saint-Gervais. Au bout du pont se tenait le curé, le bras derrière le dos.
Croyant qu’il se sacrifiait pour lui et pour sauver la population le Malin se mit à rire à gorge déployer.
Mais quel fut son désarroi quand le prêtre s’avança, tenant devant lui un chat ! Fou de rage, il lui arracha des mains et s’en alla en jurant, le curé ayant tenu sa promesse. Il jura pourtant qu’il reviendrait pour se venger.
Un pont surnommé le Pont du Diable
Depuis ce jour, le pont du Bonnant fut surnommé le Pont du Diable. Une appellation que vous entendrez encore si vous vous rendez à Saint-Gervais. Aujourd’hui, les rumeurs disent aussi qu’un chat disparaîtrait sur le pont tous les 50 ans, le 23 mars.
Qui sait, peut-être est-ce l’œuvre du Diable ?