La Haute-Savoie est une région pleine de légendes, et celle du Dahu est sûrement l’une des plus célèbres. Cet animal, dont la renommée a traversé les montagnes, n’est pas seulement connu en Haute-Savoie, mais aussi dans les Vosges, le Jura ou encore chez nos voisins suisses et italiens. Mais alors, connaissez-vous vraiment cet animal ?
Qu’est-ce que le Dahu ?
Ah, le Dahu ! Ce célèbre habitant des montagnes, tout droit sorti de l’imaginaire savoyard, est l’un des animaux les plus énigmatiques — et sans doute les plus malins — des Alpes. Si vous n’en avez jamais entendu parler, préparez-vous à découvrir un animal aussi fascinant que… bancal.
Un chamois avec un twist
Le Dahu est décrit comme un cousin éloigné du chamois ou du bouquetin, avec un pelage épais, brun clair l’été et brun foncé l’hiver, parfaitement taillé pour affronter les rigueurs des hauteurs alpines. Imaginez un animal doux et craintif, avec de petites oreilles tombantes et une queue en forme d’arc, toujours tournée vers le ciel, à la manière des chèvres. De la tête aux sabots, il peut mesurer entre 80 cm et 120 cm de haut, peser dans les 20 à 50 kilos et vivre jusqu’à 18 ans. Bref, un beau morceau pour les amoureux de la faune montagnarde.
Là où ça devient intéressant, c’est quand on parle de ses pattes. Oui, ses pattes ! Car le Dahu est un cas unique dans le règne animal : il a des pattes plus courtes d’un côté que de l’autre. Ce déséquilibre lui permet de se déplacer avec une adresse remarquable sur les pentes escarpées.
Mais attention, il y a un hic ! Le Dahu ne peut se déplacer que dans un sens, et faire demi-tour est mission impossible, sous peine de dévaler la pente comme une boule de neige. Chaque Dahu suit donc son propre itinéraire en boucle autour de la montagne, sans jamais changer de direction.
Les différentes versions du Dahu
Il n’existe pas qu’un seul type de Dahu. Non, il y en a toute une palette, chacun avec sa particularité :
- Lévogyre (ou Dahu droitier) : Ses pattes sont plus longues du côté droit, ce qui lui permet de tourner facilement autour de la montagne, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre.
- Dextrogyre (ou Dahu gaucher) : Ses pattes sont plus longues du côté gauche, ce qui lui permet de tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
- Ascentus frontalis : Ici, ce sont les pattes arrière qui sont plus longues, idéal pour grimper les montagnes, mais un peu plus compliqué pour descendre…
- Descentus frontalis : À l’inverse, avec des pattes avant plus longues, ce Dahu préfère dévaler les pentes à toute allure, mais il galère un peu quand il s’agit de monter.
Le dahu existe-t-il vraiment ?
Voir un Dahu, ou même espérer le photographier, relève de l’exploit quasi surnaturel. En fait, personne n’a jamais aperçu ni croisé cet animal étrange, ce qui en fait une véritable légende vivante. Mais attention pour certaines personnes, notamment les cryptozoologues (vous savez, ceux qui traquent les créatures mystérieuses), le Dahu est bel et bien réel, un véritable trésor de nos montagnes…
Pour trancher ce débat, un musée à Bernex s’est donné pour mission de remettre les pendules à l’heure. Spoiler alert ⚠️ : vous n’y trouverez pas de Dahu empaillé, mais vous repartirez sûrement avec quelques anecdotes à raconter.
Le Dahu aujourd’hui en voie de… disparition ?
Pour ceux qui croient en l’existence des Dahus, l’animal serait aujourd’hui une espèce en voie de disparition et seuls quelques rares lévogyres (ceux qui tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, souvenez-vous) seraient encore en vie, cachés dans les coins les plus reculés des montagnes. Autant dire que si vous arrivez à en apercevoir un, vous êtes sacrément chanceux (où fortement alcoolisé…).
“Va chasser le Dahu !”
La phrase “Va chasser le Dahu !” est une blague bien connue en Haute-Savoie, un vrai piège à touristes ! C’est le petit jeu favori des locaux pour se moquer des monchûs ou des nouveaux venus. L’idée ? Envoyer les pauvres novices en chasse de cet animal légendaire avec des conseils tout aussi bancals que le Dahu lui-même.
D’ailleurs, chaque village a sa propre méthode pour chasser cet habitant des montagnes. La plus courante ? S’approcher discrètement derrière le Dahu, puis siffler ou taper contre un arbre avec un bâton. L’animal, curieux de nature, se retournerait pour voir d’où vient le bruit… et avec ses pattes inégales, il perdrait l’équilibre et roulerait jusqu’au pied de la montagne. Autre technique tout aussi farfelue : saupoudrer un peu de sel sur sa queue. Pris par l’envie irrésistible de se lécher, le Dahu se contorsionnerait tellement qu’il finirait par tomber.
Bien sûr, personne n’a jamais réussi à attraper ce fameux Dahu hein… Alors, si vous êtes invité à participer à une chasse, préparez-vous simplement pour une soirée sous les étoiles à guetter un animal aussi introuvable que le Monstre du Loch Ness ou que les licornes.
La Chasse au Dahu 🦌
Cet animal de haute-montagne a les pattes + courtes d’un côté que de l’autre (varie selon la sous-espèce liée au versant).
Pour le chasser, il s’agit de le faire se retourner en le surprenant. Il se déséquilibre et dégringole alors en bas du versant. https://t.co/ZzTZhFl28J pic.twitter.com/ttIxbtA8zN— MiLieMeLo 🍂⛅️🦦 (@miliemelo82) August 6, 2020
La véritable chasse au Dahu
En tout cas, une chose est sûre et certaine avec le Dahu : si un jour, on vous propose de partir à sa chasse, c’est le signe infaillible que les locaux ont bien compris que vous n’étiez pas du coin !