Le lac d’Annecy, avec ses eaux claires et son décor de carte postale, a toujours été un lieu paisible où l’on croisait presque à coup sûr des cygnes blancs en balade. Ces oiseaux majestueux faisaient partie du paysage… mais leur présence se fait aujourd’hui de plus en plus rare. Au point que certains craignent qu’ils ne disparaissent complètement du lac…
Une histoire d’amour entre Annecy et ses cygnes
Les cygnes du lac d’Annecy font partie du paysage depuis bien longtemps. Tout commence au XIXᵉ siècle, quand la ville de Genève offre deux couples de cygnes à Annecy, en 1857, suivie un an plus tard par la maison de Savoie. Les oiseaux s’adaptent vite à leur nouvel environnement et commencent à nicher sur une petite île artificielle, formée en 1854 à partir des sédiments du Thiou — un îlot qui prendra naturellement le nom d’”île des Cygnes“.
Au fil des décennies, la population grandit. Dans les années 1970, on comptait plus de 120 cygnes sur le lac. Leur présence était devenue un symbole d’Annecy, immortalisée par des milliers de photos. Chaque année, les promeneurs se régalaient en apercevant des petits cygneaux : un joli signe que ces oiseaux s’étaient installés durablement sur nos rives.
Une chute dramatique des effectifs
Malheureusement, cette belle histoire entre Annecy et ses cygnes semble toucher à sa fin. Depuis quelques années, leur nombre ne cesse de diminuer. En 2018, un premier recensement faisait état d’une quarantaine d’individus. Trois ans plus tard, en 2021, ils n’étaient plus que 41… Et selon les derniers chiffres de la LPO Haute-Savoie (Ligue de Protection des Oiseaux), seuls 13 cygnes subsistaient encore en juillet 2024. Une chute inquiétante, qui soulève de nombreuses questions.
Quelles sont les causes ?
Plusieurs facteurs expliquent la disparition progressive des cygnes sur le lac d’Annecy :
1. L’urbanisation et le surtourisme
Avec l’essor du tourisme, les rives du lac se sont densément urbanisées, grignotant peu à peu les espaces calmes dont les cygnes ont besoin pour se reproduire et se nourrir. Bruit, sports nautiques, affluence constante… leur habitat naturel est de plus en plus perturbé. Résultat : ils fuient, ou peinent à s’installer durablement.
Et n’oublions pas un point essentiel : ne pas nourrir les cygnes et les canards ! Même si le geste peut sembler bienveillant, la nourriture humaine — comme le pain, les chips ou les restes de pique-nique — est mauvaise pour leur santé ! Elle peut provoquer de graves maladies, mais aussi attirer des puces et donc contribuer à la pollution du lac.
Certaines années, cette pollution a été telle que des plages entières ont dû être fermées temporairement au public pour permettre leur traitement.
2. Les attaques de chiens
Les cygnes, en quête de nourriture, s’aventurent régulièrement sur les berges et le Pâquier, ce qui les rend particulièrement exposés aux chiens non tenus en laisse. Entre 2020 et 2024, 14 cygnes ont été victimes d’attaques, souvent mortelles. Déjà en 2018, parmi les 19 cygnes décédés cette année-là (14 bébés et 5 adultes), 30 % des morts étaient directement liés à des attaques de chiens.
Les règles sont pourtant claires : la laisse est obligatoire autour du lac. Il en va du respect de la faune locale, et c’est à chacun de faire sa part.
3. La pureté des eaux
Cela peut sembler paradoxal, mais la pureté exceptionnelle du lac d’Annecy est aussi l’une des causes du problème. Moins de nutriments signifie moins d’algues et de plantes aquatiques, qui sont la base de l’alimentation des cygnes.
Privés de leur nourriture naturelle, ils se rabattent sur l’herbe des pelouses ou sur ce que les promeneurs leur donnent… au détriment de leur santé.
4. Les dangers liés à l’environnement urbain
Enfin, les infrastructures humaines représentent aussi un risque. Le canal du Thiou, par exemple, avec ses courants, a causé la noyade de nombreux cygneaux. Pour limiter les accidents, un barrage flottant a été installé en 2019, mais cela reste insuffisant face aux nombreux obstacles présents dans l’environnement urbain.
Un avenir incertain
La disparition progressive des cygnes sur le lac d’Annecy est bien plus qu’une simple anecdote locale : c’est un véritable signal d’alarme sur l’impact de nos modes de vie sur la biodiversité. Sans actions concrètes et durables, les études sont claires : ces majestueux oiseaux pourraient disparaître complètement du paysage annécien dans les années à venir…
Il est encore temps d’agir. Chacun, à son échelle, peut contribuer à préserver ce symbole du lac.
Des initiatives pour préserver l’emblème du lac
Face à cette situation alarmante, plusieurs actions ont été mises en place pour tenter de préserver la présence des cygnes sur le lac d’Annecy :
- Nettoyage des roselières : La ville d’Annecy a lancé des opérations régulières de nettoyage des zones humides, ces espaces essentiels pour la reproduction et l’alimentation des cygnes. L’objectif est de leur offrir des conditions plus favorables pour nicher et élever leurs petits.
- Sensibilisation du public : Des campagnes d’information rappellent l’importance de ne pas nourrir les cygnes, de tenir les chiens en laisse et de respecter les zones de nidification. Une sensibilisation nécessaire pour que chacun prenne conscience de son rôle dans la protection de la faune locale.
- Appels à l’État : Certaines associations de protection animale, comme celle portée par Stéphane Lamart, ont aussi interpellé les autorités. Elles réclament des mesures de sauvegarde plus strictes, pour donner aux cygnes toutes leurs chances de retrouver une population stable autour du lac.